Les interventions en séance

Economie et finances
Daniel Dubois 20/12/2011

«Projet de loi renforçant les droits, la protection et l՚information des consommateurs»

M. Daniel Dubois

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le nombre des articles du projet de loi que nous allons examiner a subi une forte inflation ! En effet, le projet initial comportait onze articles issus des doléances des consommateurs recueillies par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. L’Assemblée nationale l’a complété de quelque 45 articles supplémentaires et la commission des affaires économiques et du développement durable l’a encore profondément remanié, puisque 129 amendements ont été adoptés, dont une petite dizaine ont été présentés par le groupe de l’Union centriste et républicaine. Entre le logement, la téléphonie mobile, Internet, les ventes à distance, les actions de groupe et, je l’espère, monsieur le secrétaire d’État, la protection des consommateurs contre le risque de surendettement – nous aurons un débat sur ce point ! – les sujets sont variés. Toutefois, ils ont un dénominateur commun : l’amélioration de la transparence de l’information et de la protection des consommateurs. Thème cher du droit communautaire, la protection du consommateur s’allie parfaitement à un autre objectif visé par le Gouvernement : la défense du pouvoir d’achat des Français. À cet égard, le texte cible à juste titre les dépenses contraintes des ménages, celles sur lesquelles il est difficile de rogner. Parmi elles, on peut retenir la protection du locataire face à des charges parfois non justifiées et des frais d’agence éventuellement exorbitants. En matière de téléphonie mobile, le projet de loi présente quelques mesures permettant d’améliorer l’information du consommateur sur ses factures. Monsieur le secrétaire d’État, je souhaite rappeler que, en termes de prix des télécommunications, la vraie protection tient d’abord à l’ouverture à la concurrence de ce secteur, car la définition d’un cadre clair constitue la condition sine qua non de l’exercice de la concurrence. On n’a pas nécessairement besoin de lois pour faire baisser les prix : un cadre concurrentiel réel et lisible peut suffire. Rappelons-nous que les trois opérateurs principaux de téléphonie mobile se sont entendus pendant des années pour maintenir artificiellement des prix élevés, parmi les plus hauts d’Europe. Puis, la quatrième licence 3G a été attribuée à Free. Cet opérateur, comme il l’a fait pour Internet, promet une baisse radicale du prix des forfaits. Les offres à bas coûts et sans engagement se sont d’ailleurs multipliées ces derniers mois, anticipant ainsi l’arrivée de ce nouvel acteur ! N’en déplaise aux opposants au libéralisme, le marché concurrentiel joue donc son rôle en matière de baisse des prix. Il faut l’encourager et l’approfondir. Je me félicite de l’adoption en commission des amendements centristes visant à opérer une distinction entre vente de terminaux et forfaits. De même, j’espère que l’interdiction du simlockage, inefficace contre le vol, sera adoptée par notre assemblée. L’État n’est pas en reste et doit créer un cadre pour protéger les plus faibles contre les risques que comportent certaines pratiques commerciales déviantes. À ce titre, la plupart des dispositions qui améliorent la transparence de l’information au consommateur sont, selon moi, nécessaires. Bien entendu, il faut veiller à ne pas vouloir « tout border », au risque de déresponsabiliser les consommateurs ! En ce sens, le rôle de la loi est subtil, car il consiste à protéger les plus faibles sans assister tout le monde, ni, bien évidemment, museler les acteurs économiques. Un tel équilibre est difficile à trouver ! Toutefois, l’examen en commission a permis certaines avancées non négligeables pour y parvenir. Ainsi, en matière de téléphonie mobile, plusieurs amendements vont dans ce sens. Je pense à l’obligation de transparence entre le coût du forfait et celui du terminal ou à la nécessaire transparence pour permettre de comparer les offres mobiles, demandée par notre collègue Jean-Jacques Lasserre. Dans le secteur bancaire, les amendements de notre collègue Henri Tandonnet sur le détail entre capital et intérêts lors du solde d’une créance vont aussi dans le sens d’une meilleure transparence de l’information délivrée au consommateur. Du reste, il n’y a pas que les centristes qui ont œuvré à l’amélioration en commission du texte, loin de là ! Je tenais à le dire. Je salue un certain nombre d’avancées proposées par notre rapporteur sur le thème de la transparence, notamment s’agissant des marges dans le secteur agroalimentaire. C’est une idée que nous avions énergiquement défendue l’année dernière, lors de l’examen de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche. Il en va de même pour la transparence en matière immobilière et la protection du locataire vis-à-vis de pratiques abusives qui ont proliféré grâce à un marché de l’immobilier très tendu. D’autres avancées sur la protection des consommateurs peuvent, en outre, être mentionnées à ce stade de l’examen du projet de loi, notamment en direction des plus fragiles. Les amendements de ma collègue Valérie Létard, par exemple, visent à prendre en compte les enfants majeurs dans les surcharges de loyers, pour adapter utilement notre législation à la réalité du chômage des jeunes et du logement cher. En revanche, certaines propositions adoptées en commission me semblent inopportunes. Pensant protéger le locataire par rapport au bailleur, plusieurs membres du groupe UCR estiment que les mesures d’encadrement des loyers, comme l’encadrement des frais d’agence immobilière, ne sont pas opportunes. Il en est de même pour l’article additionnel relatif à la progressivité des tarifs de l’électricité et du gaz. C’est une fausse bonne idée ! De plus, elle est superfétatoire, en raison de l’existence du tarif social du gaz et de l’électricité, et à l’heure où les tarifs règlementés sont anormalement bas par rapport au coût réel de production. J’ai donc déposé un amendement pour supprimer cette disposition. Enfin, monsieur le secrétaire d’État, lorsque l’on parle de la protection du consommateur, je regrette que l’on devienne frileux sur l’une des questions essentielles et urgentes en la matière : la protection du consommateur face au risque de surendettement. Je n’entrerai pas dans le détail de mon argumentaire en la matière ; je soulignerai seulement que cette mesure est urgente face à la progression du surendettement en France : plus de 700 000 personnes sont concernées, et l’encours des dettes qui ne peuvent pas être remboursées atteint 6 milliards d’euros. La création d’un fichier positif assainit les conditions d’octroi du crédit à la consommation, sans l’assécher. Monsieur le secrétaire d’État, j’espère que le Sénat pourra se vanter de transmettre à l’Assemblée nationale un texte comprenant notre proposition juste et équilibrée dans ce domaine. Je regrette que la discussion des trois amendements de notre collègue Valérie Létard relatifs au surendettement n’ait pas eu lieu en commission. Nous l’aurons donc dans l’hémicycle ! Voilà, mes chers collègues, les quelques points que je souhaitais exposer devant vous à titre liminaire, avant d’entrer dans le détail des différentes dispositions du projet de loi. (Applaudissements sur les travées de l’UCR et de l’UMP.)