DANS LES MÉDIAS

LE MONDE : "Sénatoriales : les enjeux du scrutin de dimanche"
Vincent Capo-Canellas 25/09/2017

Les Républicains devraient rester le premier groupe au Sénat, En marche! a dû réviser à la baisse ses ambitions

Alexandre Lemarié
 
Quel sera le rapport de forces entre les différents groupes du Palais du Luxembourg à l'issue des élections sénatoriales, dimanche 24 septembre? Ce ne sont pas les Français mais un collège de grands électeurs - composé à 96 % de conseillers municipaux - qui votera pour renouveler 171 sièges sur un total de 348. Ce mode de scrutin favorise la droite, qui devrait en principe profiter de sa percée aux élections municipales de 2014 pour conserver sa majorité au Sénat, qu'elle détient avec les centristes. Seul candidat déclaré à sa succession, Gérard Larcher est quasiment assuré d'être réélu président du Sénat, le 2 octobre. Le premier groupe de la majorité sénatoriale depuis 2014, celui des Républicains (LR), est théoriquement assuré de le rester. Présidé par le filloniste Bruno Retailleau, il compte 142 sièges (dont 53 renouvelables). Outre le corps électoral qui devrait le favoriser, LR espère profiter de la grogne des élus locaux contre Emmanuel Macron, à la suite des annonces gouvernementales de ces dernières semaines concernant les collectivités pour gagner une dizaine de sièges supplémentaires. Même si, depuis, l'exécutif s'est employé à déminer ce mécontentement. « Raisonnablement optimiste », M. Retailleau ne doute pas que son groupe « restera le premier . Seul candidat déclaré à sa succession, ce dernier a toutes les chances de rester à la tête du groupe, faute de remplaçant crédible pour prendre sa place. En interne, certains lui reprochent pourtant d'être le principal artisan de la défaite de la droite à la présidentielle. « Je ne me suis jamais planqué, se défend-t-il. J'ai fait campagne sur une ligne et pas pour me mettre à l'abri. »  

La droite en pole position  Seuls bémols pour le groupe LR : l'existence de nombreux candidats dissidents à droite et la création d'un nouveau groupe, programmé au lendemain du 24 septembre. Selon les informations du Monde, des sénateurs juppéistes ont formalisé la création d'un groupe constructif au Sénat du même type que celui créé fin juin à l'Assemblée nationale, afin d'incarner une droite modérée, bienveillante avec le pouvoir (Le Monde du 23 septembre). Loin de la ligne d'opposition radicale, incarnée par M. Retailleau. 

Les socialistes veulent limiter la casse  Défaits à la présidentielle et décimés aux législatives, les socialistes veulent profiter de ce scrutin pour relever la tête. Avec 86 sièges (dont 46 renouvelables), le groupe présidé par Didier Guillaume devrait inévitablement perdre des sièges en raison du corps électoral, qui lui est défavorable, le PS ayant perdu de nombreux élus lors des municipales de 2014. « On va tenter de limiter la casse », explique-t-il, en se fixant l'objectif de détenir « entre 50 et 55 membres » à l'issue du scrutin. Une fourchette volontairement basse car selon les spécialistes du Sénat, les socialistes devraient plutôt se maintenir au-dessus des 70 sièges, restant - de loin - le deuxième groupe. Eux aussi ont tenté d'exploiter la colère des élus contre M. Macron à leur profit pendant la campagne, à l'instar de l'ex-ministre Patrick Kanner, tête de liste PS dans le Nord, qui s'est posé sans relâche en défenseur des collectivités locales. 

Le groupe Union centriste veut rester sur le podium  Ce groupe, qui rassemble les multiples chapelles du centre (UDI, MoDem, Nouveau Centre, Alliance centriste...), était jusque-là la troisième force de l'Hémicycle et devrait le rester. Dotée de 42 membres (dont 19 renouvelables), cette composante de la majorité sénatoriale devrait sortir renforcée du scrutin. « On espère gagner cinq ou six sièges », explique son vice-président, Vincent Capo-Canellas, qui pourrait reprendre la tête du groupe, en remplacement de François Zocchetto, qui ne se représente pas en raison de l'interdiction du cumul des mandats. Si une partie des troupes se disait disposée à soutenir le gouvernement en juillet, le contexte a changé. « On a tendu la main à Macron mais il ne l'a pas saisie », explique M. Capo-Canellas. Les centristes du Sénat devraient donc soutenir Gérard Larcher et rester dans la majorité sénatoriale aux côtés de LR. 

La République en marche a revu ses ambitions à la baisse  Créé par l'ancien socialiste, François Patriat en juin, ce groupe compte 29 membres (dont 19 renouvelables), majoritairement issus du PS. Alors que des responsables macronistes rêvaient, avant l'été, de faire basculer la majorité sénatoriale, les mêmes ont dû revoir leurs objectifs à la baisse, conscients que plusieurs annonces du gouvernement ont mécontenté les élus locaux et que le corps électoral ne leur est pas favorable (En marche! ne dispose ni de maires ni de conseillers municipaux). M. Patriat espère porter son groupe à la deuxième place, en comptant près de 50 élus. Il semble plus probable qu'il en compte au final une dizaine de moins.  Quant aux autres formations, l'enjeu pour les communistes sera de maintenir leur groupe. Une tâche ardue car sur ses 18 membres, 16 sont renouvelables. Les radicaux du groupe RDSE, eux, ne devraient pas avoir ce souci : comptant 16 sièges (dont sept renouvelables), ils devraient parvenir à avoir les dix sièges nécessaires pour former un groupe au Sénat