DANS LES MÉDIAS

Le Parisien "Fraude dans la grande distribution:Il faut lever l’omerta sur ces pratiques détestables!"
16/07/2013

Propos recueillis par B.L.   Depuis des années, le centriste Jean Arthuis  interpelle les pouvoirs publics sur la face cachée de la grande distribution. Demain, il défendra son amendement au Sénat dans le cadre du projet de loi lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière.  
Vous dénoncez la présence en Suisse, en Belgique et au Luxembourg d'officines qui verseraient des commissions aux enseignes de la grande distribution. Ces pratiques sont-elles courantes ?
 Jean Arthuis. C'est un système opaque qui échappe complètement à la législation nationale. Personne ne vend la mèche. Les cinq plus grosses enseignes de la grande distribution en France possèdent chacune une officine, un appendice de centrale d'achat, qui leur permet de toucher des ristournes auprès des fournisseurs. A elles cinq, elles réalisent entre 220 et 230 Mds€ de chiffre d'affaires par an et ce petit système leur apporte entre 2 et 4 Mds€ par an pour des produits alimentaires fabriqués et vendus en France. Ce sont les consommateurs et les producteurs qui assument ces coûts qui progressent au fil des années. Ils peuvent atteindre 2% pour les produits lactés ou 5%pour la salaisonnerie. ll faut lever l'omerta sur ces pratiques détestables !
 Ce système est-il légal ?
 Cela s'appelle de l'« optimisation fiscale ». Cette pratique a toutes les apparences de la légalité. Comme quand Google, par exemple, facture depuis ses services basés en Irlande et transfère les redevances en passant par les Pays-Bas. Avec la mondialisation, la grande distribution française commence elle aussi à faire ses courses en dehors du territoire national.
 
Que proposez-vous avec cet amendement ?
 Je demande de relocaliser ces établissements pour mettre un terme à ces détournements. Il faut réintégrer ces « prestations » dans les bénéfices imposables des groupes en France. L'amendement qui va être soumis au vote demain va secouer les grandes enseignes. Il doit les faire bouger. Cela nuit déjà à leur image de marque. Auchan serait déjà en train de rapatrier son officine.  

Pourquoi enfourcher ce cheval de bataille ?

 Les patrons de grandes surfaces font parties des plus grosses fortunes nationales. C'est trop simple de se proclamer « défenseur des consommateurs » et de clamer qu'on fait baisser les prix tout en développant de telles pratiques. Pour faire baisser les prix, toutes les techniques sont bonnes. Ce sont les mêmes pratiques qui ont entraîné le scandale de la viande de boeuf substituée en viande de cheval.