DANS LES MÉDIAS

Le Parisien: Françafrique: « Nous n’avons pas de leçons à donner »
Jean-Marie Bockel 12/10/2012

Interview de Jean-Marie Bockel: «Nous n'avons pas de leçons à donner"
Propos recueillis par Henri Vernet - Le Parisien- Dossier Françafrique JEAN-MARIE BOCKEL, ancien secrétaire d'Etat à la Coopération-Chargé de la Coopération sous Sarkozy, Jean-Marie Bockel avait été éjecté de son fauteuil au bout d'un an pour avoir critiqué les dérives de la Françafrique.

  A Kinshasa, François Hollande va rencontrer nombre d'autocrates. La Françafrique est toujours vivace? JEAN-MARIE BOCKEL. Bien sûr que la vie continue! Tourner le dos à la Françafrique ne signifie pas se fâcher avec les amis traditionnels de la France, qui dirigent des pays où nous avons des intérêts.   Mais, en 2007, Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, avait refusé de rencontrer Sassou Nguesso... JEAN-MARIE BOCKEL. Rama Yade c'est Rama Yade et moi c'est moi! Moi, j'ai été viré du gouvernement pour m'être élevé contre la Françafrique, je sais de quoi je parle. Mais je ne considère pas pour autant qu'on doive faire une diplomatie du coup de gueule.   Alors que faut-il faire? JEAN-MARIE BOCKEL. Expliquer aux dirigeants africains que chez nous la justice est indépendante, qu'elle suit simplement son cours en enquêtant sur des affaires comme celle des biens mal acquis (NDLR : où sont impliqués plusieurs chefs d'Etat africains). Il faut aussi leur dire d'encourager chez eux la démocratie, de miser sur la jeunesse. Mais nous n'avons pas à leur donner de leçons. Nous devons dire les choses... et aussi défendre nos intérêts, dans le respect de nos valeurs.   Bref, continuer comme avant? JEAN-MARIE BOCKEL. Il ne faut pas avoir l'obsession de la rupture avec le passé. Il y a eu de bonnes et de mauvaises choses.   Certains ont conseillé à Hollande de s'inspirer d'Obama pour son grand discours à Dakar aujourd'hui... JEAN-MARIE BOCKEL. Pourquoi pas, mais il peut aussi s'inspirer des discours de Sarkozy en Afrique, mis à part celui de Dakar. Car entre le discours d'Obama à Accra (Ghana) et la réalité de la présence américaine en Afrique, il y a un immense décalage...   Et vous, que lui conseillez-vous? JEAN-MARIE BOCKEL. L'Afrique est devenue une opportunité. Ce que j'attends du président, c'est que la France ne rate pas le train. Ce continent est en pleine expansion, la pauvreté, l'illettrisme et la corruption reculent, la démocratie progresse, même s'il y a des cas dramatiques comme le Mali. Il faut renforcer notre partenariat économique, en jouant de nos atouts. Nous avons une histoire, une culture commune, tirons-en profit.   Rater le train, c'est un risque? JEAN-MARIE BOCKEL. Oui, car, pendant que notre présence se réduisait, d'autres pays ont pris pied en Afrique, comme le Brésil qui y a ouvert 17 ambassades cette année, ou la Chine qui y investit beaucoup.